L'amnésie du mulot

Un véritable roman feuilleton sur le web où l'on peut trouver l'illustration de tous les exploits du président. Sauf... la dissolution.


Le ChiRépondant à une exigence de modernité et de proximité avec les cyber-citoyens, le site internet www.elysee.fr propose aux surfers de consulter l'album photo du président de la république. Pour chaque année de présidence, une quinzaine de clichés illustrent les moments forts et les étapes décisives du septennat en cours. Mais, pour ceux qui l'ignorent encore, concilier l'image de Jacques Chirac avec celle du locataire de l'Élysée est un exercice de style particulièrement délicat pour chaque attaché de presse qui se respecte. Ainsi l'album de l'année 1997 passe directement de la la photo de Jacques Chirac et Boris Eltsine signant l'acte fondateur Otan-Russie à celle du premier Conseil des ministres du gouvernement Jospin. Trouvez le chaînon manquant...
L'image télévisée où le chef de l'État annonce la dissolution de l'Assemblée a disparu !
S'il est précisé dans rubrique "constitution" du web de l'Élysée qu'il est bien dans les prérogatives du président de la République de dissoudre l'Assemblée, les hagiographes chargés de sélectionner les photos officielles de l'album présidentiel semblent ignorer que Jacques Chirac en a pris l'initiative. Comme si en supprimant la photo on effaçait la bourde politique. Il est vrai que les images de cette allocution sont abondamment rediffusées à la télé pour rire aux dépens du président. On comprends mieux, dès lors, pourquoi ses conseillers ont préféré sélectionner des clichés du chef de l'État intervenant dans des domaines plus décisifs sur la vie des français. Ainsi l'apparition de Jacques Chirac au festival de Cannes ou la photo de sa mémorable interview télévisée de la Villette avec Jean-Marie Cavada et Wiliam Leymergie (grand flop dans l'histoire des interventions télévisées d'un chef de l'État en exercice). Qui a dit que les conseillers en communication de l'Élysée manquaient d'humour ?

L.Z.



Marianne

Article paru dans Marianne ©