Pourquoi le 20 heures de TF1 ne commence pas à 20 heures

Les dessous de la bataille des horaires du JT entre TF1 et France 2.

Photo PPDAPendant trois semaines nous avons regardé et chronométré à la seconde près tous les journaux de 20 heures de TF1 et France 2. Or, surprise : si statistiquement celui de France 2 commence à l'heure, celui de TF1 démarre systématiquement avant, avec en moyenne un décalage de 40 secondes. A une heure où le taux de zapping est très élevé, TF1 lance son générique, égrène les titres du journal et lance parfois son premier sujet pendant que France 2 ne diffuse encore que des pubs... En conséquence, dans la minute qui précède le début du JT de France 2, un premier transfert d'audience s'opère à l'avantage de TF1. Difficilement quantifiable par Médiamétrie (l'institut qui mesure l'audience TV), ce transfert s'effectue parfois bien avant 19h59. En effet, le systématisme avec lequel TF1 démarre son journal en avance crée une habitude chez les téléspectateurs. Dans l'attente de la grand-messe, les personnes ayant remarqué que le journal de la Une précédait toujours celui de la Deux, se positionnent directement sur la première chaîne dès qu'ils allument leur poste.
La stratégie appliquée par TF1 pour clore son 20 heures repose sur une logique similaire. Neuf soirs sur dix, TF1 se cale sur la fin du journal de France 2 pour terminer le sien une à deux minutes après. Résultat : sur une période où les téléspectateurs zappent 4 fois plus qu'à l'accoutumée, la fin du 20 heures de TF1, sans réel programme concurrent sur les autres chaînes, suscite l'engouement des maniaques de la télécommande. Grâce en partie à l'orchestration et à l'ajustement de ses débordements horaires, le 20 heures de la Une rassemble en moyenne 1 700 000 téléspectateurs de plus que sa concurrente directe du service public.
Commencer le journal avant 20h00 provoque un sentiment d'urgence quant aux informations qu'il recèle et tend à fixer le téléspectateur sur la chaîne. Le faire durer plus longtemps suggère une actualité dense, plus complète ou mieux développée que chez la concurrente. Résultat : plus le journal dure, plus il génère d'audience.
Cette politique délibérée de TF1 a ses limites. A moins de repousser le démarrage des programmes de première partie de soirée au-delà de 21h, la guerre du 20 heures fait perdre aux chaînes de précieuses minutes qui leur seraient utiles pour engranger de juteuses recettes publicitaires. En septembre 1996, les deux chaînes se sont donc engagées à réduire progressivement la durée de leurs éditions respectives. L'objectif était d'arriver à clore leurs journaux à 20h30 dès le 1er janvier 1997. Si des efforts ont été faits : le journal de TF1 a été réduit à 38 minutes en 1996 (- 1 minute en moyenne par rapport à 1995) et celui de France 2 à 36 minutes (- 2 minutes par rapport à 1995), nous sommes encore loin des 30 minutes promises. L'accord entre les deux chaînes trouve ici ses limites. On n'attire pas les téléspectateurs pendant le tunnel publicitaire qui précède les programmes de début de soirée. Il est donc impératif d'en attirer le plus grand nombre avant la fin du journal. Effet zapping oblige, TF1 refuse de lutter à armes égales avec sa concurrente et ne consent à diminuer la durée de son journal que s'il conserve ses deux minutes de plus par rapport à celui de France 2 . Nouvelle version de donne moi ta montre je te donnerai l'heure : Termine ton journal à 20h28 et je terminerai le mien à 20h30.

L.Z.


L'evenement du jeudi

Article paru dans l'EdJ ©