Le scandale de l'unité jeunesse de TF1
Tel est pris qui croyait pendre Depuis le début du mois d'octobre 1997, l'unité des programmes jeunesse de TF1 a lancé un grand concours. Chaque jour un clip demande aux enfants de jouer à se faire peur pour la semaine du frisson . Les jeunes téléspectateurs sont invités à se photographier en vampire, en monstre ou en sorcière, puis à envoyer leur photo à la chaîne. Les meilleurs clichés passeront à l'antenne. La bande-annonce du concours montre l'image d'un enfant pendu dont le corps se balance au bout d'une corde, et précise : C'est comme tu veux, mais fais-nous peur. Qu'est-ce qu'un gamin retiendra de ce clip, diffusé à l'heure de la sortie des classes ? Tout d'abord le choc de cette photo d'un enfant - réel - pendu dans un décors dessiné et la nécessité de prendre un cliché qui fasse le plus peur possible pour espérer passer à la télé. La corde du pendu a beau être virtuelle, c'est la signification de l'image qui choque notre conscient. Il n'est pas demandé à l'enfant d'être graphiste ou peintre mais photographe, c'est à dire, pour la majorité des gens, de fixer le réel.
Jusqu'à présent, TF1 n'avait réussi qu'à mettre en péril l'équilibre psychologique des jeunes téléspectateurs avec, notamment, la diffusion de dessins animés comportant des scènes parfois ultraviolentes. Voilà qu'aujourd'hui ces incitations macabres et ambiguës ne se contentent plus de perturber le mental des enfants mais prennent le risque de menacer l'intégrité physique des plus fragiles d'entre eux. Et dire que TF1 s'est engagé à ce que ses programmes jeunesse soient visionnés par un psychologue avant diffusion... C'est à se pendre !
L.Z.
Article paru en première exclusivité dans Marianne ©